J'avais un peu le trac en ouvrant "A la rencontre des cygnes", d'Aurélien loncke (collection Médium de l'Ecole des Loisirs). J'avais passé deux journées si agréables avec l'auteur au salon du livre de Saint Quentin ! Je savais bien qu'il ne me décevrait pas, mais j'avais peur de le chercher dans chaque tournure de page, derrière chaque point de suspension (Aurélien est un garçon... plus silencieux que moi !)
Dès les premièrs pages, mes craintes se sont envolées. J'ai oublié Aurélien, je n'ai gardé en tête peut-être que les notes douces de sa voix, qui m'emmenaient dans la vie de Timothée. Une vie brisée par la mort de son frère jumeau, Amblin. Brisée comme la glace de ce lac qui s'est lentement fendue sous le patin de son frère. Après, il ne reste que le vide, le chagrin qui refuse de se dire et cette obligation terrible de vivre. Pour supporter ce monde sans Amblin, Timothée voyage dans ses souvenirs, redonne vie à ce frère si charismatique. Avant d'accepter de retrouver, dans d'autres yeux, la flamme éteinte par la glace.
Pas de rebondissements incroyables, pas de miracles, pas de grandes eaux dans ce texte. Il n'en a pas besoin. Aurélien Loncke nous montre qu'on peut prendre le temps de regarder, de penser, de contempler, sans jamais ennuyer son lecteur. C'est vrai qu'il trempe sa plume dans sa palette de couleurs et que chaque chapitre est un tableau. Ou plus.
Il a l'élégance de ne pas tout dire non plus, laissant le lecteur délicieusement sur sa "fin". Peut-on savoir ce qu'Amblin fera vraiment de sa vie de fils tragiquement unique ? Ses parents s'en remettront-ils un jour ? Ce n'est pas au livre de nous le dire. Mais le dernier chapitre, particulièrement touchant, nous offre un envol vers un ciel plus clément.