C’était le jour de la dictée.
Ah, vous aussi, vous détestez ?
La maîtresse a lu le texte, très lentement.
Mais Camille n’a rien entendu.
Assise près de la fenêtre ouverte,
Elle écoutait chanter un oiseau.
Sûrement heureux de ne pas savoir écrire,
Il sifflait un air joyeux.
Tous les enfants se sont penchés sur leur feuille.
Les stylos plume ont commencé à glisser sur le papier,
À guetter les pluriels et les temps du passé.
Doit-on accorder « joli » avec « maison » ?
« Ce sont ses amis » ou « Se son ces amis » qui arrivent ?
Camille, elle, n’en avait aucune idée.
Elle a pris la feuille, elle l’a pliée et en a fait un bateau.
Elle a pris la feuille, elle l’a pliée et en a fait un chapeau.
Un chapeau-bateau, si vous préférez.
Elle a posé le chapeau-bateau sur sa tête.
Il était trop grand, il est tombé sur ses yeux.
Au début c’était tout noir. Très singulier.
Puis Camille a aperçu un hibou
Qui volait après son « x ».
Le pauvre, qui s’ennuyait seul dans son tronc,
Rêvait d’un peu de compagnie.
« Chouette ! » a pensé la petite fille.
Camille a cligné des yeux.
De dos, elle a vu une princesse, qui pleurait devant son miroir.
« Miroir, mon beau miroir,
je suis si jolie, aimable et intelligente.
Et mon prince, comme il est charmant !
Et pourtant, mes histoires se racontent toujours à l’imparfait. »
« C’est vrai », a reconnu Camille.
Camille a cligné des yeux.
Elle a repéré dans le ciel, tout au loin,
Bien plus haut que l’oiseau,
Trois petites silhouettes.
Elles volaient si haut qu’on ne pouvait les reconnaître :
Trois petits points en suspension.
« ! » s’est exclamée la petite fille.
Camille a cligné des yeux.
Elle a vu un chapeau-bateau,
Qui filait au cours de l’O.
« Ça ne va pas, ça ne s’écrit pas comme ça ! s’est inquiétée Camille.
Sur de l’O, mon navire va coulé ? coulait ? couler !!! ».
Alors la petite fille a vite ôté son chapeau-bateau.
Elle a déplié sa feuille,
a écrit sa dictée,
Et ne s’est pas trompée !